Bruegel Pieter, dit Bruegel l'Ancien ou le Vieux (Breda ? v.
1525-1530 - Bruxelles 1569).
Apprenti à Anvers chez Pieter Coecke Van Aalst puis chez Hieronymus Cock, peintres italianisants, Bruegel part en 1552 pour l'Italie (Rome, Naples, Messine), un an après son admission à la gilde des peintres d'Anvers. La nature italienne l'inspirera davantage que la peinture ; de retour à Anvers en 1554, il fréquente l'entourage de Cock, pour lequel il exécute des projets de gravures. Mariéà une fille de Pieter Coecke, il se fixe en 1563 à Bruxelles, où il meurt six ans plus tard, laissant deux fils, Pieter et Jan, peintres comme lui. Durant ses deux séjours à Anvers, Bruegel s'inspire, comme dans La Chute des anges rebelles (vers 1562, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique) ou dans Le Triomphe de la mort (vers 1562, Madrid, Prado), des fantasmes de Jérôme Bosch. Il est aussi, surtout dans la série des Mois, parmi lesquels la Journée sombre (1565, Vienne, Kunsthistorisches Museum), l'illustrateur réaliste de la vie paysanne de son temps. Ce souci de réalisme, mais aussi d'actualisation des thèmes se retrouve dans ses peintures bibliques : Le Massacre des Innocents (vers 1565-1567, Vienne, Kunsthistorisches Museum), ou Le Dénombrement de Bethléem (1566, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique). Coloriste hardi, Bruegel témoigne d'une grande maîtrise du métier : il peint à l'huile ou à la détrempe, sur bois ou sur toile. Ses paysages, fruits d'une observation attentive, ne sont pas un simple décor, mais jouent un rôle essentiel : la neige est ainsi le personnage central des Chasseurs dans la neige (1565, Vienne, Kunsthistorisches Museum). Mais le réalisme des paysages et des scènes est, surtout dans les derniers tableaux, l'expression originale d'un peintre qui est aussi préoccupé du sort de son pays et des hommes. La Pie au gibet (1568, Darmstadt, Hessisches Museum), où l'évocation de la mort contraste avec l'image joyeuse d'une danse paysanne, symbolise sans doute le tragique de l'occupation espagnole aux Pays-Bas. La sereine immensité du paysage maritime et l'indifférence des personnages de La Chute d'Icare (Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique) rappellent que la nature demeure l'impassible théâtre des malheurs des hommes. Au contraire, l'agitation mécanique de la parabole desAveugles (1568, Naples, Galerie nationale de Capodimonte) est peut-être la dramatique interprétation de l'humanité courant vers un inexorable destin. Bruegel est aussi un très grand dessinateur ; plus de cent dessins de sa main sont conservés ; ils sont souvent datés et signés, et ses gravures connaissent un immense succès. C'est le Kunsthistorisches Museum de Vienne qui conserve le plus important ensemble d'œuvres de Bruegel, dont un peu moins de cinquante tableaux ont résisté au temps.
Pieter II, dit Bruegel le Jeune, ou d'Enfer (Bruxelles vers 1564 - Anvers 1638).
Fils aîné de Bruegel l'Ancien, Pieter le Jeune s'est peut-être formé auprès du paysagiste flamand Gillis Van Coninxloo (1544-1607). Il est surtout le copiste honnête des œuvres de son père, dont il assure la diffusion par de nombreuses répliques (La Parabole des aveugles, Paris, musée du Louvre). On lui doit également des œuvres peintes avec verve (Enfer avec Virgile et Dante, 1594, Florence, musée des Offices), ainsi que des scènes de genre et de kermesse. Son fils Pieter III (né en 1589) laisse une œuvre qui imite la manière de son père.
Jan, dit Bruegel de Velours (Bruxelles 1568 - Anvers 1625).
Second fils de Bruegel l'Ancien, Jan se forme à Anvers, séjourne à Naples en 1590, puis à Rome en 1593-1594. Le cardinal Frédéric Borromée, qu'il suit à Milan en 1595, est l'un de ses principaux commanditaires : en 1607, il lui passe commande de quatre tableaux représentant les quatre éléments : deux sont conservés à Milan (bibliothèque Ambrosienne), les deux autres sont au Louvre, La Terre ou Le Paradis terrestre (1607-1608) et L'Air ou L'Optique (1621). Ces petits tableaux peints sur cuivre témoignent d'une palette délicate et raffinée. En 1596, Jan s'établit à Anvers. On lui doit de nombreux bouquets (Bouquet de fleurs, Munich, Alte Pinakothek) ou guirlandes de fleurs ornant parfois l'œuvre d'un autre artiste : un exemple est conservé au Louvre d'une Vierge à l'Enfant de Rubens entourée d'une guirlande de fleurs peinte par Bruegel de Velours en 1621 pour le cardinal Borromée. Son imagination féconde et sa manière élégante en font l'un des paysagistes les plus appréciés et copiés.
Ses filsAmbrosius (1617-1675) et Jan II, dit le Jeune (1601-1678) pratiquent également la peinture.
Mise à jour le 02/11/2003